Août 2009 Bénédiction de la stèle du mont Rouvel





La stèle rapellant le sacrifice de deux aviateurs de la Royal Canadian Air Force a été bénite par le père Didon en présence de nombreux officiels.



La solennité qui a marqué la cérémonie organisée le 22 août était appropriée, puisqu'il s'agissait de commémorer le sacrifice de William J. Shearstone et de Georges Cameron, deux aviateurs canadiens qui ont perdu la vie alors qu'ils venaient libérer la France de l'occupant. À l'invitation de la commune et en présence de l'attaché de défense de l'ambassade du Canada en France, du conseiller général du canton, d'anciens combattants, d'anciens du maquis, notamment, des porte-drapeaux de la commune et de communes environnantes, M. Adrien Jobin a relaté les événements du 18 août 1944 et des jours qui ont suivi. Il a rappelé qu'un bombardier Lancaster qui traversait la Manche en direction de Paris avait été touché par la DCA allemande ; que cinq membres de l'équipage canadien avait pu sauter en parachute, mais que deux aviateurs étaient restés dans l'avion qui s'est écrasé au Mont-Rouvel ; que l'explosion de l'engin et de ses munitions avait rendu impossible leur inhumation. Il a invité l'assistance à se souvenir des milliers d'autres canadiens, tous volontaires, disparus en libérant la France et l'Europe du nazisme et du fascisme. Il a rappelé l'héroïsme des habitants de la commune qui ont aidé quatre des membres de l'équipage à échapper à l'occupant et, en particulier, la famille Deschervois qui a caché Arthur Kemp et William Jones pendant plusieurs jours et dont l'un des fils, Raymond, a été tué en représailles par l'occupant.

La stèle qui a été érigée en 2000 pour rendre hommage aux deux aviateurs tués a été bénie par le père Pierre Didon, curé de la paroisse de Blainville-Buchy. J’ai pu ensuite, en votre nom, évoquer la mémoire de Monsieur Joseph Valée, habitant de la commune, disparu dans le crash, les témoignages de l'instituteur de l'époque, M. Leroy, de Mme Lemessier, qui a caché James Sterling dans la ferme des Vallées, de la famille de Civille qui a caché d'autres aviateurs dans les greniers de son château occupé par les Allemands…

Quelques jours avant la cérémonie, Arthur Kemp a envoyé cette lettre :

« Mes amis,

Je voudrais vous remercier de me donner l'occasion de vous adresser des vœux particuliers depuis le Canada : nos vœux les meilleurs et remerciements les plus sincères pour cette commémoration particulière. Il est difficile de réaliser que soixante-cinq ans ont passé depuis mon arrivée en France en parachute. Les membres de notre équipage savaient ce qu'ils devaient à tous ces citoyens loyaux et patriotes qui leur sont venus en aide dans la région. Pour ma part, je suis reconnaissant à la famille Deschervois, à Adrien Jobin, à Florentin Roussel et à d'autres encore. La famille Deschervois nous a cachés dans l'habitation de leur ferme alors qu'ils savaient le grand danger que cela leur faisait courir. Un jour, des soldats allemands sont arrivés dans la cour de la ferme à la recherche de nourriture et de chevaux. Un officier a commencé à fouiller la maison. Bill Jones et moi étions à l'intérieur. Comme l'officier se rapprochait de la pièce où nous étions, Micheline Deschervois (épouse Pradignac aujourd'hui), âgée de sept ans à l'époque, a commencé à pleurer très bruyamment. L'officier a alors interrompu ses recherches pour parler à Micheline. Profitant de cette diversion, Bill Jones et moi sommes sortis par l'arrière de la maison et nous sommes cachés dans un champ. Les Allemands ne nous ont pas vus sortir. Micheline était une enfant providentielle et une petite héroïne. Après la guerre, nous avons continué à correspondre avec nos amis français. Adrien Jobin a joué un rôle déterminant dans l'érection de la stèle en mémoire des deux membres de notre équipage qui périrent dans le crash : William Shearstone et George Cameron. Je voudrais remercier encore les familles Deschervois et Jobin, les élus locaux et les loyaux patriotes qui ont continué chaque année à rappeler le souvenir de nos camarades tombés. Que la France et le Canada prolongent, dans les années futures, cette chaleureuse amitié. Que Dieu vous bénissent tous. Arthur Kemp »

Nous vivons en paix, au sein d'une Europe qui ne se déchire plus. Nous le devons au courage et au sacrifice de nos parents, de nos amis d'outre-Atlantique et d'outre-Manche. Souvenons-nous toujours de ce que nous leurs devons.

Je souhaite encore remercier, outre Adrien Jobin, l'amicale des Diables Noirs et l'amicale de la T. C. A. R. pour la part qu'ils ont prise dans l'organisation de cette cérémonie.


Edouard de LAMAZE

Photos de la commémoration :





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